Sacha Clément | Journal de bord

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Andy Carroll: le ballet aérien

J'aime beaucoup les choses belles. Je fais du foot et ma foi, à chacun ses aspirations, j'hallucine devant le jeu de tête des footballeurs maître de la matière, celui du ballet aérien. Pour moi, rien de plus beau qu'un duel aérien âprement gagné, les abdos qui bossent, la détente qui parle.

Jadis, dans mes folles années pubères, je faisais du basket. Je pratiquais le sport témérairement, la jubilation de voir mon idole à l'œuvre, j'ai nommé Michael Jordan.

Le basket, ma foi, ça dispose à quelques vertus physiques.  Les aptitudes se conjuguent simplement: détente, timing, justesse, équilibre.  Un assemblage qui forme une magie, une grâce, cette impression de voler.

Dans le football aussi, le duel aérien, ballet superbe, est un art à part entière.

Donc, lorsque le sublime Andy Carroll envoie un missile en guise de but pour offrir à l'Angleterre le premier but du match face à la Suède à l'Euro 2012, je m'extasie. Je m'envole au septième ciel. Je jubile devant tant d'adresse. Je m'égosille, merveilleux, devant tant de justesse.

Moi, je saute juste. Mon timing est bon. Mais ma précision au moment de délivrer le coup de tête n'est qu'approximative. Souvent, le ballon s'envole dans les décors. Et j'ai l'air pitoyable, voire incompétent, limite ridicule.

Le coup de tête à Carroll, lui, à tout du parfait: détente, timing, justesse, équilibre. Mais il en rajoute quelques couches. Puissance. Détermination. Conviction.

Je me connecte sur youtube. Les droits d'auteur, je m'en tape, je sasse et ressasse le ralenti du but roi. La vidéo tourne en boucle, 5, 10, 20 fois je me repasse ce coup de tête.

Et je me dis, le jour où je mets un coup de boule semblable, en match officiel on s'entend, j'arrête le foot. Ma triste réalité me rattrape alors et je m'incline. Et tant pis, ma retraite sportive attendra.

​Le coup de tête qui a tout du parfait: détente, timing, justesse, équilibre.