Asaf Avidan, à corps et à cri

Il a cette voix.

Elle est aussi criarde que viscérale que crécelle que rocailleuse; il monte là-haut, tout en haut, si haut - parfois ça frise le quolibet. Les voyelles sont crachées avec ce nez qu'on dirait pincé. 

Musicalement, les mélodies bercent. Elles sont entaillées par cette voix tantrique et aguicheuse. 

On ne sait pas si le mélange est savamment orchestré, ou si l'orchestre se mélange à cette voix suave, les distorsions se succèdent; mais qu'est-ce que c'est bon, qu'est-ce que c'est génial, qu'est-ce que c'est précis; merveilleux phrasés qui s'imbriquent en quinconce dans un saccadé de perfection.

Asaf, il peut bomber le torse, lui qui débuta sa carrière après une malheureuse histoire de cœur 

Sous nos yeux scintille la pochette noire de l'album "Gold Shadow". 

Dans les oreilles pulse le son d'Asaf Avidan. 

Entre les doigts la télécommande, qui zappe entre les titres de l'album,  avec ce dénominateur commun: une voix qui vient des tripes. 

C'est qu'il en a dans le ventre, Asaf, il peut bomber le torse, lui qui débuta sa carrière après une malheureuse histoire de cœur.

"My Tunnels Are Long And Dark These Days" est soporifiquement jouissif. On y embarque, dans ce titre, comme si... comme si... comme s'il pouvait être le titre phare de l'album, donc son premier single. 

Mais très vite, à défaut de déchanter on enchante, car débarque "Gold Shadow", la pièce de l'album éponyme. 

Mais très vite, à défaut de déchanter on enchante, car débarque "Gold Shadow", la pièce de l'album éponyme. 

"Gold Shadow" débute. Les doigts fins d'Asaf - ces extrémités d'un corps si longiligne - heurtent l'ivoire des touches du piano.

Douceur. Silence. Cathédrale.

A peine a-t-on le temps de savourer l'introduction que débarque le refrain. 

Asaf Avidan fut réformé de l'armée israélienne - pourtant obligatoire – car chaque nuit l’homme était habité d’atroces cauchemars. 

Si ces cauchemars sont l'inspiration de "Gold Shadow", ils se sont désormais transformés en rêves.

 

Asaf, voix crécelle.  Des merveilleux phrasés qui s'imbriquent en quinconce dans un saccadé de perfection

Précédent
Précédent

L'Erythréen (deuxième partie)

Suivant
Suivant

L'homme (qui) pleure