Ecouter ou être entendu
Dans la réunion, personne n'écoute.
Pour être vu mais à défaut d'être entendu, il faut y mettre la bonne intonation, balancer les banalités, parler beaucoup, fort. Même si c'est pour ne rien dire.
Objectif: défendre ses acquis, son territoire, ses prérogatives, son petit carré vert bien douillet, montrer qu'ailleurs, dans les autres départements en présence, l'herbe n'y est pas plus verte. Notamment faut-il arguer avec ses pairs, devant le PDG tout impressionné, sur des sujets futiles si possible.
Mais surtout faut-il se montrer, même s'il faut ensuite rester invisible au moment de passer des paroles aux actes.
Surtout il faut se montrer. Même s'il s'agit d'être invisible au moment de passer aux actes.
Pendant la réunion, rester assis et écouter sagement, voilà qui désormais passe pour de la fainéantise. Rester assis et écouter sagement assis, voilà qui symbolise le comportement du passé, celui de jadis voire naguère, d'un autre temps, bien avant les digital natives.
Désormais, celui qui fait sa présentation devant un parterre de collègues, il blablate.
Celui qui écoute, il pianote.
Sur son smartphone ou son laptop, il fait mine d'écouter, alors on traite ses dossiers, on règle les affaires, ça filtre ses emails, ça consulte son fil twitter, on peaufine sa présentation .ppt - celle qu'on présentera plus tard et d'ici quelques minutes lorsque son tour viendra.
Lorsque plus personne n'écoutera.
Les indispensables. Pour faire semblant d'écouter, en attendant d'être entendu par ses pairs.