L’hôpital staccato, stratifié, saccadé, suranné. 

A l’hôpital, tout n’est que répétition.

Les sons, staccatos.

Les murs, stratifiés.

Les reliefs, saccadés.

Les blouses, surannées. 

On y entre avec un bobo artificiel, superflu, une maladie chronique, l’as-tu vue, pour y mourir ou pour y donner la vie: tout est chronophage. Anachronique.

Tictac.

Tictac.

On y regarde le plafond depuis son lit, ce gris-beige docile, ces couleurs calment les ardeurs et tempère les douleurs. Il parait.

Les patients alités, couchés, enchaînés au sens propre, tournent en rond au sens figuré: les chaînes TV se comptent au nombre de 8 pas plus; les Wifi péclote 8MB pas moins; le personnel tourne en 3x8; l’horloge montre 8 heures, la fin des visites, "quand est-ce que je sors enfin?" se dit-on pour une huitantième fois. 

C’est l’hôpital. 

Lieu des vies à guérir, les cercles vicieux de ce monde, la gangrène (cancers), la jouvence (naissances).

Tictac.

Tictac.

La répétition.

On compte à rebours. 

Ou on attend son heure. 

Et puis arrive le matin.

07:30 tapantes. 

Le changement d’équipe.

Déploiement des blouses blanches, un succédé d’habitués, être ici est une vocation. 

Tout le monde se croise, médecin poivre-sel, infirmier godasses rouges, sage-femme rasta, personne ne pipe mot, c’est automatisé, réglé, papier à musique. 

Ceux qui ont donné repartent, les yeux fatigués, chiffonnés, cernés; la relève arrive, l’œil écarquillé, éveillé.

Ces gens ne sont pas des momies non. Mais des sauveurs, oui.  

Tictac. 

A l’hôpital. A la vie. A la mort.

 

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