Chérie, chairissons-nous.

Elle déboule à vélo, tête nue mais à tue-tête.

Le casque elle ne le met jamais. Mais le préservatif, toujours.

Risquer sa vie tant pis. Donner la vie non merci.

Donc elle est là. Devant moi.

Pur être, magnifique posture, le corps longiligne, abondance de biens, cheveux queue de cheval, sombre, ce regard qui l'est tout autant, le maquillage est prononcé, pas vulgaire mais ostentatoire.

Le fantasme ambulant. Mon fantasme absolu.

Elle m'apparaît là, lumineuse comme toujours, l'impression reste toujours la même, toujours mon ressenti l'emporte: je l’aime.

Et je la veux.

Pour moi.

Je rêve de partager son cœur, sa vie, ses envies, ses passions, lui faire des enfants s'il le faut, s'il le faut je change de boulot, de vie, d'amis, de look.


Quatre enfants, les voyages aux quatre coins du monde décorent les quatre murs de mon intérieur; c'est entre quatre yeux que je vais devoir lui expliquer que je n'en peux plus; des mois qu'on se plie en quatre et aux exigences fédérales, à quatre pattes je me suis fait entuber par mon employeur, les quatre fers en l'air désormais sans emploi, je laisse se plaindre ceux qui sont mis en quarantaine.


Depuis trop longtemps mon cœur n'est ouvert que sur mon propre intérieur, mon chez moi, celui d'homme divorcé, quatre enfants, les voyages aux quatre coins du monde décorent les quatre murs de mon intérieur; c'est entre quatre yeux que je vais devoir lui expliquer que je n'en peux plus; des mois qu'on se plie en quatre et aux exigences fédérales, à quatre pattes je me suis fait entuber par mon employeur, les quatre fers en l'air désormais sans emploi, je laisse se plaindre ceux qui sont mis en quarantaine.

Parce que de son côté, elle ne me veut pas rien que pour elle.

Rien de tout ça.

Elle me veut en elle.

Et ça se résume à ça.

Subitement jambes en l’air et sans ambages, adieu les préliminaires, sa tête non casquée je la tiens entre mes mains devenues protectrices, amoureuses et dociles, curieuses et aimantes; palpant ses seins, je rêve surtout d’être dans son cœur.

Nous sommes tous les deux de la génération Youporn. J'ai vu des corps beaux, des Pornstars et des organes parfaits, glabres, des heures de sexe ininterrompus sans jouir - mais comment font-ils? Pourtant nous sommes moches, loin d'être parfaits, les seins pas refaits, les poils qui dépassent, le suc qui coule, la bave qui pend, ça pue mais comme c'est bon.

Je la caresse. Elle me touche.

Je la satisfais. Elle s'en satisfait.

Ainsi va notre relation. Je l’aime et j’en veux davantage; elle m’accepte et s'en tiendra là.

Pourtant, depuis le temps je m'y suis fait: je dois la quitter.

Et je vais la quitter.

Ca ne peut pas continuer, notre relation. D'un côté l'amoureux pur souche (moi), un chêne sans feuille, démuni de tout; de l'autre une âme nue vidée de tout (elle), une femme déglinguée, accrochée à rien, aucune attache: un boulot alimentaire, beaucoup de connaissances, autant d'amis, mais rien dans la durée.

Je la caresse.
Elle me touche.
Je la satisfais.
Elle s'en satisfait.


Il faut que je lui dise franchement que c'est fini.

Mais avant la fin, il aurait fallu un début.

Et nous n'en avons jamais eu.

Mais ce soir encore on jouera les prolongations, à l’idée je m’y suis déjà fait, je n'arriverais pas à le lui dire, ni ce soir ni demain, éventuellement plus tard mais sûrement pas le le surlendemain; la procrastination absolue, la pire qui soit, celle qui pousse à s'accrocher non pas à un homme ou une femme, mais à une situation qui finalement, est meilleure que celle qui viendra après.

Elle me sort de mes pensées en s'accrochant à mes bras, sentant le besoin de me stimuler elle accompagne désormais mes mouvements de va-et-vient avec des cris, elle s'agrippe, enfonce ses ongles dans ma chair, c'est n'est pas de l'amour mais de la passion, au mieux de la hargne, elle ne m'aime pas elle me veut, je suis sa chose, sa bête, sa bite, je ne suis qu'un sexe qui la satisfait; je suis son toy-boy, sa verge, moi qui ne rêve pourtant que d'être son beau gosse à elle, voire même son amoureux platonique.

Une autre vérité m'atteint dès lors: je vais avoir de la peine à jouir ce soir encore.

Tout est devenu si forcé.

Soudain, c'est dans l’enceinte que le tempo bat. Non plus par mes coups de burins lascifs ou ses cris lubriques, mais c’est Whitney Houston qui entonne: I wanna dance with somebody, somebody who loves me. L'UE Boom palpe les sons, nos étreintes sont fortes, c'est mon amour de quadra contre sa jeunesse jouissante. Ce tube date de 1987, mes années de puberté, mes premiers amours, mes premiers baisers et mes premières étreintes.


L'oreille tendue, cyprine dégustée, je bois les paroles de Whitney la diva: je rêve de danser avec elle, I want to dance with you. Elle, elle veut juste baiser, Fuck me baby. Je rêve de la chérir, je rêve d'amour.


L'oreille tendue, cyprine dégustée, je bois les paroles de la diva: je rêve de danser avec elle. I want to dance with you baby.

Elle, elle veut juste baiser. Fuck me baby.

Je rêve de la chérir.

Je rêve d'amour.

Des larmes de joie et des moments de partage.

Elle veut juste que je la "chairisse". Faire l'amour, en cris, en chair, en sang, en sueur et en larmes. Elle veut mon corps. Elle me veut. Que je lui fasse mal parfois, que je l'attendrisse des fois. Dire qu'elle me tient par la queue c'est peu dire, c'est symbolique au premier comme au second degré, littéralement je suis sa chose.

Hier je voulais son cœur.

Aujourd’hui son amour.

Demain, sa main.

Mais ainsi va la vie, lorsque je l’accueille, c'est petits fours dans les petits plats, mais désormais mais espoirs sont petits, si petits, que je les sais trop petits.

Alors, faisons l'amour.

On ne se chérira jamais.

Alors chairissons-nous.



*texte écrit sur demande (d’une personnalité romande, oui j’en suis fier :-)). Vous avez d’autres propositions de texte? Contactez-moi!


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