Sacha Clément | Journal de bord

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Avant, c’était le COVID

Avant le COVID, il fallait prendre congé pour aller chez le médecin.

Avant le COVID, il fallait prendre congé pour accueillir le plombier.

Avant, il fallait absolument justifier un départ du bureau, 15 minutes avant 17:00.

Avant le COVID, la machine à café était the place to be, serendipité, place à râler.

Avant, on ne voyait pas ses enfants.

On ne les voyait ni le matin — car il fallait timbrer à 08:00 tapantes — ni à midi — car il fallait aller manger avec le boss pour valider totalement sa promotion et pour réseauter, pleinement.

Avant le COVID, il fallait se montrer.

Montrer sa tête, son body language, mais pas forcément ses capacités.

Il fallait se pointer tirer à quatre épingles; les femmes maquillées, les hommes en pantalons smart, même en plein été par 35 degrés dans l’open space non-climatisé.

Avant le COVID, metro, boulot, dodo.

Avant le COVID, le présentéisme.

Avant, il fallait prendre congé pour assister à l’enterrement d’un ami.

Avant le COVID, on bossait quand on le devait — 08:00-17:00 — non pas quand on était efficace.

Fatigué, on regardait l’horloge tourner dans l’attente immuable de l’heure; en pleine bourre il fallait quand même s’arrêter. Car l’heure c’est l’heure.

Avant le COVID, partir cinq minutes avant l’heure, c'était croiser des regards circonspects dans le couloir.

Pré-COVID, c’était passer des heures dans les embouteillages.

Avant le COVID, interdiction de prendre sa pause de midi avant 11:30 ni après 14:00.

Avant le COVID, les enfants allaient chez les pédiatre avec papi et mamie, car papa et maman n’avaient avaient séance.

Avant le COVID, il fallait être sur place, les fesses sur sa chaise, écran en vue, pour montrer au boss qu’on était dans le logiciel de la boîte, non pas sur Facebook.

Avant le COVID, on était payé selon les fameuses 40 heures de son contrat, non pas à la performance.

Et puis le COVID.

Depuis, on ne rate plus un jour de travail, même malade.

Depuis, il est devenu autorisé d’avoir une vie, hors du travail.

Depuis, chacun est devenu un indépendant.

Depuis le COVID, on ne compte plus ses heures.

Depuis, on entend les boomers, récalcitrants à offrir un brin de liberté, ah en télétravail? Tu veux dire que tu profites d’une journée tranquille, c'est ça?

Depuis, on peut travailler en boxer et sans maquillage.

Depuis le COVID, la confiance.

Depuis le COVID, c’est OK. Oui, c’est OK.