Horreur, malheur (réseaux sociaux)
C'est la nouvelle salsa du démon. Outil ma foi splendide, les réseaux sociaux sont la nouvelle hantise d'un monde de paranoïa. Horreur! Malheur! aurait pu s'égosiller le Grand Orchestre.
Les réseaux sociaux sont apparemment la source de tous les maux. On craint Facebook et Twitter comme la peste. On craint les pédophiles. On abhorre les voyeurs. On contracte donc des assurances pour se prémunir des attaques sur la Toile. On oblige ses enfants à éviter tout débordement, toute publication de photo tendancieuse, chaque mention privée est à éviter sur les réseaux sociaux. On décortique les conditions générales des sites de partage, de crainte que des prédateurs sexuels ne s'accaparent de quoi que ce soit: ne publie pas ci, surtout pas ça. Oui, Vampirella guette, les pédophiles surveillent la Toile sans cesse, à la recherche d'un gosse à attaquer.
Pourtant, la méfiance devrait commencer par chez soi. A arpenter les rues des villes lors du soleil couchant, même l'hiver: l'effroi. Les appartements du rez-de-chaussée sont des fenêtres ouvertes sur la vie des gosses, leur train-train quotidien offert tels des fenêtres de l'Avent. Ici on voit un préadolescent assis à son bureau à bouquiner ses devoirs. Là on observe un gosse qui regarde jalousement sa maman s'enquérir des bobos de sa sœur. Quelques rez-de-chaussée plus tard, rien qu’à se balader l'œil ouvert, un ado s'avachit dans le canapé familial, la télévision réglée sur le match de foot placide du soir.
Nul besoin d'être voyeur pour observer les coutumes de chacun. Nul besoin de se compliquer à falsifier un profil Facebook ou Twitter dans l’unique but de mater aisément le premier gosse pubère du quartier. Suffit de se balader dans les rues éclairées des villes.
Les rideaux aux fenêtres, on ne connait pas.
Les volets, dépassés.
Les stores, embêtants.
Alors on ne met rien. On laisse les gens en balade mater son intérieur, on fera en sorte de garder l'appartement propre, c'est déjà pas mal.
Avant de gigoter le scandale du virtuel et des réseaux idoines, les parents feraient mieux de balayer devant leur fenêtre.