Sacha Clément | Journal de bord

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Mon Soniphere: My Friend of Misery

Le son d'une basse ronronnante a quelque chose de jubilatoire. Limite jouissif. On s'imagine une lignée pure, un riff idoine, une mélodie parfaite, berceuse, mirifique, le son ultime qui renvoie à ses bonheurs propres.

Chez moi, il me renvoie à mes souvenirs d'antan, l'époque où on moshait sévère. L'époque heavy metal: Metallica, Pantera, RATM, Sepultura, entre autres.

Jadis, je faisais partie d'un groupe de heavy metal et justement, on s'essayait aux reprises des légendes: Enter SandmanFucking HostileBullet in Your Head ou Roots.

Chanteurs beaux, batteurs musclés. Et puis la basse

Mon rôle était caduque, modeste autodidacte, je jouais de la basse guitare. La basse n'est dévote qu'aux tâches ingrates, si discrètes, l'accompagnement de la guitare électrique comme unique vertu. Dans certains groupes on l'entend à peine, les groupies qui s'attachent plus volontiers aux chanteurs beaux, aux batteurs musclés ou aux starlettes de la gratte électrique.

Donc, lorsqu'un groupe sortait un tube faisant l'ode à la basse, c'était l'hystérie, limite Belphegor.

Et Metallica créa My Friend of Misery. Jason Newsted, bassiste de son état, écrivait avec les compères James Hetfield et Lars Ulrich la pièce, avec cette basse magique en ouverture. Le solo d'entrée est hallucinant de bonheur, transcendant d'états seconds, dans la lignée du parfait.

Mercredi dernier au Sonisphere d'Yverdon-les-Bains, je profite d'un The Struggle Within de remplissage -- oui, quelques titres de Metallica calfeutrent -- pour aller commander une rincée de bonnes vieilles Cardinal pour mes potes de concert.

Pendant les concerts de Mastodon, de Slayer et même de Motorhead, l'attente pour boire s'élevait à 30 minutes pour les chanceux, 45 pour les poissards.

L'instant jubilatoire, limite jouissif

Pendant Metallica, une minute a suffit pour commander le philtre, les assoiffés étant aux premières loges, mousse en main, main sur le cœur, le cœur qui s'émeut déjà devant Nothing Else Matters à venir, tôt ou tard. Et lorsqu'on me porte mes mousses et que je règle mon dû: un silence. Puis l'extase. Le moment jubilatoire. Limite jouissif.

My Friend of Misery.

La ligne écrite des doigts merveilleux de Jason Newsted résonne dans l'assistance.

Le bonheur scintille. Mes sens s'éveillent. Le bonheur est absolu. Me voilà en d'états seconds. Le parfait résonne à Yverdon-les-Bains.

Merci Metallica. Merci Yverdon.

*photo de Christophe Clément