Le verre à moitié plein

"L'argent ne fait pas le bonheur." Parole d'hédoniste, celui qui voit le verre à moitié plein. 

"Mais il y contribue." Parole du contribuable modeste, celui qui ne voit qu'un verre à moitié vide. 

On peut être plein de bon sens mais vidé de tout. Y compris d'espoir et de vision, ce qui à défaut d'être cérébralement stoïque, est d'une vacuité misérable.

On préfère payer plein pot son matérialisme temporel, histoire de ne pas passer pour un radin, au mieux pour celui qui pense que l'argent fait bien le bonheur. 

Il y'a ceux qui se plaignent de tout et qui n'apprécient rien. 

À Melbourne, Stanislas Wawrinka a-t-il battu Nadal, ou est-ce plutôt Nadal qui, blessé, a perdu face à Wawrinka?

Le mécréant, le médisant et le réducteur, il blâmera – quel bon dos – le nerf bloqué de Rafa. Il relativisera le succès de Stan, le verre à moitié vide au-delà d'une moue grimaçante. 

L'optimiste, le positif et l'adulateur, il encensera Wawrinka pour sa magnificence, son abnégation à la victoire.  Son verre sera toujours à moitié plein. 

Stanislas Wawrinka n'a rien volé. Il ne doit ce sacre qu'à sa formidable volonté. C'est un joueur beau. Sobre. Élégant. Sublime. Il a gagné un Grand-Chelem, formidable bonhomme. Il a su se transcender, la positive attitude en bandoulière. Chic type, Stanley. Chic conception de la vie. Il a su maîtriser les affres de la défaite, la maxime de Samuel Beckett chevillée au corps, et désormais adulée de tous: Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better. Stanislas Wawrinka travaille-t-il davantage qu'un autre, qu'un modeste cabochard, matricule 200 à l'ATP? On ne le saura évidemment jamais. Seule certitude: son pensées sont irrémédiablement positives. Penser juste. Penser bien. Vibrations positives.

Nous, on va célébrer ça, le verre toujours plein. Voire débordant de joie.

 

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