Le cauchemar et le rêve
Vaut-il mieux faire un doux rêve?
Ou un mauvais cauchemar?
On peut rêver douillet et tomber dans l’extase: gagner à la loterie, la Ligue des Champions, atteindre le paradis avec son fantasme inaccessible; tout ça pour se réveiller ensuite la queue entre les jambes, son rêve ne renvoie plus à rien si ce n’est l'enfer sur terre, car non rien n'est tangible, le pognon de l'Euromillions n'est qu'escampette, les grandes oreilles de la CL carrément sourdes, tandis que sa dulcinée se pavane toujours dans la décapotable prodigue de son Don Juan, ce blaireau qui ne ressemble à rien, si ce n'est à son pire cauchemar.
De l'autre côté, le cauchemar.
Dans ses songes, on imagine les pires messes noires: un proche meurt sous nos yeux, on se retrouve ruiné de tout, son fric extradé, sa maison qui brûle et le chat asphyxié, la mort vous poursuit pêlemêle, la mafia à vos trousses, vous voilà dévoré par un python géant dans un coin de paradis terrestre. Le cauchemar, en somme.
Réellement?
Au réveil d’un cauchemar, le paradis est là, sous vos yeux: les parents encore en vie, la maison tranquille, le chat attend, doux ronron, devant son écuelle granuleuse. Le mot cauchemar n’a pas de contraire, son pendant y est pourtant étroitement lié, il s’appelle le bonheur.
On se rend soudainement compte de cette satanée chance qu'est la nôtre. Ouf!, ce cauchemar n'était qu'un mauvais rêve. On se lève de bon pied.
Et voilà que le cauchemar nous amène au meilleur des poncifs:
"apprends à aimer ce que tu as, avant que la vie ne t'apprenne à aimer ce que tu avais."
Et si la vie ne le fait pas pour toi, au pire ton cauchemar s'en occupera.