Le Texas, terre suisse?

Au Texas comme en Suisse, on est confronté aux mêmes histoires. Au moins autant qu'on partage les mêmes passions.

À Bandera comme à Granges-Marnand, à Sainte-Croix comme à New Braunfels, on tient à nos armes -- militaires ou privées qu'importe, on ne peut s'en passer, visiblement --, on aime nos vaches -- Hollenstein ou Longhorn qu'importe, toutes deux sont sacralisées --, et apparemment on abhorre nos immigrés -- ces alliés pour le meilleur (l'économie) mais aussi pour le pire (infrastructures). Aux étrangers, on aime leur mettre un peu tous les maux sur le dos, à Berne comme à Austin.

Vu de Suisse, le Texas n'est pourtant qu'un pays de Red Necks, ces cowboys aux bottes cuirassées, chapeau Stetson, Colt à la ceinture, chemise carrelée, pantalon Wrangler; des blanc-becs aux gros 4x4 pollueurs, George W. Bush comme seule face visible de l'iceberg, un État qui se reproduit parmi, bonjour les consanguins, un état qui vote républicain, au revoir Obama.

Vu du Texas, la Suisse est un pays sublime, tranquille, les éternels symboles qui font notre fierté: neutralité, fromage, chocolat, horlogerie. Mentionner son origine suisse, c'est provoquer une certaine jalousie, non pas malsaine, surtout pas, mais celle qui déclenche un sourire envieux parmi son auditoire. "Oh, la Suisse, magnifique!" disent-ils communément.

En somme, le Texas n'intéresse, de prime abord, pas le Suisse moyen.

Tandis que la Suisse fait bien rêver le ricain du coin.

C'est que l'américain, il est souriant. Il est ouvertement généreux et accessible. Ouvert et sympathique. Surtout, il est positif et éternellement optimiste. Se balader dans la rue d'une quelconque bourgade (Galveston, par exemple), le premier indigène vous abordera, sourire aux lèvres, de gaieté de cœur, il cherchera à vous aiguiller, vous guidera avec plaisir, quitte à perdre quelques secondes de son sacro-saint temps - une denrée qui constitue encore, chez le Suisse moyen, de l'argent. Forcément.

L'américain aime ses armes, c'est bien (trop) connu. Le Suisse, lui, ne désarme pas devant son fusil militaire. L'américain choie ses bêtes, les cowboys chérissent chevaux, longhorns, vaches, moutons et autres taureaux. Le paysan suisse en fait de même. Le texan veut limiter l'immigration, voire la stopper, chaque candidat au poste de Lieutenant Governor (quel titre!) en pose au moins quelques lignes dans son programme d'élection. En Suisse on a déjà voté contre toute immigration.

Suisse-Texas, même combat. Texas-Suisse, mêmes histoires.

Même si le Suisse ne l'avouera jamais.

L'optimiste américain ne lui en tiendra pas rigueur.

 

iphone-(null)-0.jpg
Précédent
Précédent

Le cauchemar et le rêve

Suivant
Suivant

Dans la tête de Melanie Chappuis