Festivalier
Le Paleo. Gigantesque raout des bobos, des dadas et des jeunes papas, paradis sur terre des âmes égarées, la musique excuse pour ainsi dire tout: laisser femme(s) et enfants au foyer; rejoindre les copains sur la Plaine l’asse – que l’assiette pleine des mets du monde remplisse sa bedaine; la musique les excite tous sans exception: les sens, les idées et les charnues en minishorts, modèles post soixante-huitards d'exubérance; et pendant que les trentenaires sont scotchés au fond d’un bar – la musique n’est évidemment que prétexte –, soudain l'artiste trendy dégaine sur scène son tube du moment, les ados post-pubères vissés au-devant de la scène – eux sont bien au Paléo pour la musique, ah, les jeunes –, se balancent, cadencent, ça prophétise, on déglutit des paroles en langue de Shakespeare, on régurgite une remontée acide de caipirinha, on saute à tue-tête à moins que ça ne soit les cris, on jubile, on hoche la tête à la recherche de l'éphèbe, bras ballants, main baladeuse, ça flirte du regarde, l'artiste suggère de lever les mains, clapir, rugir, tanguer de gauche comme de droite, la politique n'est plus qu'amoureuse, ici c'est plutôt les regards qui sont suggestifs, hâte-toi lentement, tâte-moi ardemment, fais-moi mal, la musique me fait du bien; la transe n'est dès lors plus un état mondain, c’est désormais la grâce - on ferme les yeux, on rêve, on tombe par terre, on craint le piétinement, quand soudain une main se tend comme la Main Tendue, elle nous aide à nous relever, on acquiesce du regard, merci mon grand, merci le Paléo.
On ferme les yeux, on rêve, on s'extasie, hâte-toi lentement, tâte-moi ardemment.