Sa bibliothèque, aux éditions corona
La vérité sur l’affaire Quebert, de Joël Dicker, aux éditions de Fallois-L'Âge d'Homme.
L‘Ogre, de Jacques Chessex, aux éditions Grasset.
Oui, chaque livre, lorsqu’il est mentionné dans un quelconque média, a droit à ce baggage qu’il traîne inlassablement — mais quelle maison d’édition a bien pu publier l’oeuvre?
La maison d’édition, si importante?
Un barrage contre le pacifique, aux éditions Gallimard, de Marguerite Duras.
Il faut rendre à César ce qui est à César.
A en croire, ou presque, que la maison d’édition est plus importante — voire moins oubliable — que l’auteur•e dudit ouvrage.
La maison d’édition, si importante.
Les livres, on ne les lit pas mais on adore les montrer. « Un classique est un livre que tout le monde désire avoir lu, mais que personne n’a envie de lire », disait Mark Twain.
Comme si, au fond, c’était aussi utile que ça, pour le consommateur lambda; comme si ça changeait; comme si on allait annuler l’achat du bouquin, car il n’est pas publié aux éditions qu’on aime.
L’étranger, de Camus. Aux éditions Gallimard.
Si on le fait pour les livres, pourquoi ne pas rallonger l’exercice, pour tout et n’importe quoi, pour la rançon de la gloire, par exemple.
Federer a gagné Wimbledon, habillé par Nike. Mais Roger s’est incliné en finale, habillé par Uniqlo.
Jacques Chessex, prix Nobel de littérature, composait jadis avec un stylo bic, non pas un Caran d’Ache.
Beat Feuz à vaincu le Lauberhorn, skis Head aux pieds.
Sa bibliothèque c’est comme son armoire, avec ses supérieurs on sort son costard (un livre de management) avec ses potes on met son survêt’ (un livre rock n’roll).
Les livres. Finalement, on ne les lit pas mais on adore les montrer. « Un classique est un livre que tout le monde désire avoir lu, mais que personne n’a envie de lire », disait Mark Twain.
En ces temps de pandémie, de coronavirus et donc de visioconférence, chacun poste son écran si sagement, devant sa bibliothèque comme par hasard, cela rendrait-il plus intelligent voire crédible, d’avoir des livres derrière soi, d’avoir une bibliothèque bien garnie?
Il faut que les collègues les voient, ces livres.
Certains poussent même la chansonnette, on sort un livre de sa bibliothèque, on le range côté face, histoire que l’auditoire remarque ostensiblement la couverture, c’est le livre qu’on préfère, celui qu’on veut montrer qu’on a lu, tout du moins pris le temps d’acheter.
C’est sa bibliothèque, aux éditions corona.
Une fois la conférence terminée, on le range sagement, ce foutu livre qu’on a détesté lire, on le balance au milieu des autres, qu’il reprenne la poussière.
Et on en sort un autre pour le prochain auditoire de la énième visioconférence, cette fois-ci pour l’apéro. En gros, sa bibliothèque c’est comme son armoire, avec ses supérieurs on sort son costard (un livre de management) avec ses potes on met son survêt’ (un livre rock n’roll).
Donc, pourquoi ne pas tout étiqueter?
On ouvre sa session Zoom, sur son écran LG.
On rédige son rapport, sur son clavier Logitech.
On envoie son e-mail, depuis son client mail Outlook.
La visioconférence, c’est bien caler sa caméra sur sa bouille, avec en arrière-plan sa bibliothèque; personne ne montre ses vêtements, ni sa planche à repasser, ni ses enfants, ni sa chaufferie, comme si lire c’était propre, repasser c’était ressasser son linge sale.
Et la bibliothèque, elle est toujours pleine à ras bord, jamais entamée ou à moitié vide.
Mais pourquoi?
C’est sa bibliothèque, aux éditions corona.