Black Lives Matter
Mais au fait, de quoi était accusé George Floyd?
Qu’importe bien sûr, car personne ne peut mériter ça, lui ne méritait certainement pas ça; pas un animal ne mérite ça, pas même un pantin, encore moins un humain — Black, Blanc ou Beur —, surtout pas pour un larcin; Derek Chauvin l’a fait, lâche assassin.
8’46’’.
Huit minutes et quarante-six secondes.
Huit. Minutes. Quarante-Six. Secondes.
8’46’’ pour mourir, sous le poids d’un genou, le joug du flicard si fier, prostré du haut de son trône d’uniforme, le regard pisseux et l’attitude blême.
1,046 secondes, à se sentir suffoquer.
A se voir mourir.
Une éternité.
8’46’’, c’est long.
Très long, une simple séance de sport à haute intensité - que déjà l’air commence à manquer.
Embourbé dans un meeting inconfortable, regarder ses collègues véreux dans le blanc des yeux - ces carriéristes-là, eux ne manquent jamais d’air.
8’46’’, c’est long, mais maintenant, à long terme, ne sera-ce finalement pas trop court — 8’46’’ peuvent-ils mettre fin à 400 ans d’esclavage?
Chacun a procédé à sa (jolie) joute verbale, chacun a composé son (joli) tweet, chaque site web a publié sa (jolie) page sur la diversité, chaque Board a revu sa (jolie) photo de groupe. Et maintenant?
Comment ne pas retomber dans ses travers, retors; comment ne pas oublier, une fois les protestations passées, une fois la vindicte populaire oubliée?
Quelles mesures prendre, pour éliminer le fléau du racisme, les relents, vilains reflux qui guettent, le nauséabond nasillard sera-t-il éradiqué, le grincheux UDC frivole, le pathos anti-black sera-t-il pérenne, ou éradiqué comme tant le veulent — mais ceux-là ont-ils réellement le pouvoir du changement?
Maintenant les beaux discours prononcés, maintenant les communiqués de presse envoyés, maintenant les promesses d’inclusion soumises, maintenant les employés soulagés: que vont faire les boîtes, PME locales ou corporation multi-milliardaires?
Depuis 20 jours maintenant, chacun a procédé à sa (jolie) joute verbale, chacun a composé son (joli) tweet, chaque site web a publié sa (jolie) page sur la diversité, chaque Board a revu sa (jolie) photo de groupe en retraite dans les îles, visage blancs grisonnants avant de se dire: est-on réellement obligé de se diversifier?
Donc, les actions. Le monde ne veut plus de paroles, mais dès actions. Du contenu. Des KPIs, dira la corporation, pas de blabla dira la PME du Nord-vaudois.
Liste non-exhaustive on s’entend:
Va-t-on acheter une paire de chaussures Jordan, lui qui soutient la cause à hauteur de 100 millions de dollars?
Va-t-on investir dans des actions Kering, eux qui ont appointé Tidjane Thiam?
Va-t-on boycotter Dove, pour tant de malice maladroite?
La RTS va-t-elle enfin donner sa chance à un présentateur Noir?
Va-t-on changer son logo, pas à la va-vite mais sur le long terme?
Que va-t-on faire, nous les blancs par exemple, chacun de son côté et sur son pied d’estale?
Et si on prenait 8’46’’ pour y réfléchir?