Les couleurs: à chacun ses goûts
Les couleurs sont comme les goûts; chacun les assimile avec ses accointances propres, l'œil qui s'amourache inconsciemment de ce qui sied, ou pas, au cerveau.
Tout est un peu à l'instar des couleurs: on aime ou on n'aime pas.
Il existe tant de couleurs, tant de teintes que même son orthographe s'y perd. La couleur s'accorde avec le sujet, pour autant qu'elle ne soit pas assimilée à un objet. On dit des escarpins rouges, mais des talons aiguilles marron. Des ânes gris, mais des sabots bonbon. Alors bien sûr, il existe les fameuses exceptions qui confirment les règles: rose, écarlate, mauve, pourpre et fauve s'accordant gaiement, juste histoire de tromper l'auditoire.
Donc, le mot orange dans le phrasé "les lumières orange" ne s'accorde pas, ce que les designers de l'Olympique de Marseille n'ont visiblement pas compris au moment d'égayer leur nouveau maillot pour la saison 2012-2013.
Bien au-delà de l'orthographe, le sport subit, aussi, la loi draconienne des couleurs. A Madrid, on s'est rigoureusement offensé du bleu d'une terre battue communément ocre. Des terrains bleu azur et non pas ocre; un vaste débat, marré par les plaintes des uns, les us et coutumes inflexibles des autres - conservateurs aguerris - l'ocre qui cimente le clivage d'un bleu devenu suisse, grâce au Maître Federer.
Il y'a les couleurs chaudes, les couleurs froides. L'orange marseillais et le blue madrilène. Chacun porte ses couleurs avec fierté. Et Joel Ward, travailleur aguerri des Washington Capitals, ostracisé par le noir de sa peau, intolérable malice d'imbéciles notoires, prouve que oui, même les couleurs ont leurs vices.
Piet Mondrian, l'ode aux couleurs