Chez les Brodeurs
Un dimanche matin du mois de mars, à Saint-Gall.
Les rues sont vides, silencieuses.
Le monde dort, les Brodeurs s'acquittent des devoirs dominicaux, tranquillité des avenues, centre-ville désert, calme plat, rues onduleuses, les seuls badauds téméraires se rendent désinvoltes à la messe dominicale, direction la cathédrale majestueuse.
Les gens de Saint-Gall, on les appelle les Brodeurs. L'hommage à ce savoir-faire jalousé, leur maîtrise de la broderie date bien du 20e siècle, chaque ménage ou presque disposait d'une personne œuvrant dans l'industrie du textile. Aujourd'hui bien sûr, le tendance a quasiment disparu, seuls neuf entreprises se disputent encore le marché - haut de gamme s'il en est.
La vieille ville de Saint-Gall distribue son lot d'ancienneté, berceau sublime de la suisse orientale. S'y mêlent quelques bâtisses modernes, une ambivalence qui fomente une certaine fierté économique, 8.70 la chope de bière à la place centrale.
Ici comme ailleurs en Suisse, l'ambiance est la même, sinon les ingrédients: le quartier rouge, imaginé par Pipilotti Rist; les mythiques saucisses Bratwurst; le musée du textile, en réminiscence du passé traditionnel; et puis le parc de la cathédrale, reconnu par l'UNESCO pour sa disposition superbe.
A Saint-Gall, on y flâne ou l'on s'y perd. Le centre est condensé et cosy. Les avenues avenantes. Tout semble lustré autour de la statue de Joachim Von Watt, humaniste qui offrit sa librairie à la ville, 450 volumes de connaissances qui font la fierté d'une ville qui l'est au moins autant.