L'homme (qui) pleure

Oui, l'Homme pleure. Pas n'importe lequel, mais tous.

Même les robustes, ceux qui se cachent sous cette carapace.

Il y a les différents pleurs. Certains hoquètent, se cachent pour mieux déglutir.

D'autres font mine, triste mine, de ne pas verser de larmes, ni de basculer dans le ridicule apparent - pleurer n'est-il pas réservé aux mauviettes, quitte à s'en cacher d'une serviette?

Cet homme là est pourtant robuste. Sa carapace semble impénétrable voire divine, protégée des vents idoines. Il est un gilet-par-balle a émotions. Il semble au-dessus de tout, des nuages de l'émotion, des abysses de l'inconfort moral. Il est granit, fonte, acier. Le voilà inoxydable: tout ce qui pourrait atteindre l'homme moyen il le réverbère à autrui, il le propage plus loin, loin de lui toute turpitude superflue; chassez ces mauvaises ondes qu'il ne voudrait voir.

Mais l'homme est une bête sociale. Un carnivore de relations humaines.

Alors à l'évocation d'un sujet passionnel, il se met à déglutir discrètement, à verser des larmes, sans discontinuer.

Alors on en est convaincu, si lui pleure, alors tous les hommes pleurent.

Après tout, les larmes ne sont-elles pas merveilleuses, lorsqu'elles transpirent la joie?

 

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