La lettre d’amour


S'il fallait écrire la plus belle des lettres d'amour, je te choisirais.

Toi, Gilles Alpen.

Alias Scylla, artiste belge, parolier miraculeux, mais méconnu.

Je te choisirais pour m’écrire cette lettre, ma lettre d'amour à mon inatteignable, ma missive à mon moi, une macédoine de mots doux, outrageusement beaux, celle que je suis incapable d’écrire.

Alors je m’en remets à toi, tes mots, ta plume.

Gilles, s’il te plaît, deviens ma muse.

Tes mots, je les accapare et j’écris.

Et je commence.

« Si on est ensemble, on peut éteindre l’enfer.
Si on est ensemble, le paradis peut brûler »
— Scylla

En amour, la deuxième chance n’existe pas: la lettre doit toucher; sa lettre, droit dans le cœur et dans le mille, elle doit percuter; elle doit marquer, faire pleurer, autant le lecteur que la main qui pleure, celle qui écrit.

Je t’aime.

Je veux te le dire avec les mots, éparpillés sur une feuille blanche tachetée par ma plume calame, et je rêve d'avoir trouvé tes mots, Scylla.

Trouver tes mots pour toucher les coeurs.

« Ton regard a le pouvoir de courber le temps
Être avec toi c’est voler
C’est s’en aller là où on ne me cherchera plus
Être avec toi c’est regarder le soleil
Je ne serai pas fâché si j’en perds la vue »
— Gilles Alpen

L’amour peut être beau.

Et alors les larmes coulent. On s’étreint à l’infini. Mains en cœur et baiser langoureux.

Mais l'amour a ceci d'unique qu'il peut également être cruel.

Et alors les larmes coulent. On imagine sa moitié ne devenir plus qu’un quart, puis se rétrécir à rien.

« La nuit je rêve, j’essuie des larmes.  »
— Scylla

Scylla, aide-moi.

À écrire la plus belle des lettres.

À trouver les mots.

Pour que cette lettre manuscrite prenne l’odeur d’amour irréversible, que mes mots soient aimants, aimantés par cet être qui lit à distance, je rêve de la voir avec la bouche en cœur, car peut-être est-elle déjà pleine de rancœur.

« J’ai cherché l’amour dans les flammes
Brûlé mes ailes à vouloir te suivre
Même blessé, je reviendrai toujours
Ton amour est ma seule sève. »
— Gilles Alpen

Merci Gilles, de rendre les mots aussi beaux.

Même si on n’a plus de lettre d’amour à écrire.

Même si sa moitié, on la connait déjà.

La lettre, ce sont les sens en éveil: toucher le courrier et son imagination renvoie à la main qui écrit; le silence se fait lourd; on humecte l’encre; on cherche à comprendre les mots, ses sens cachés.

On palpe.

On rêve.

« S’il n’y a qu’un fou pour espérer changer le monde
J’apprendrais, j’ai l’espoir de l’être un jour
Assez fou pour encaisser sans répondre »
— Gilles Alpen, alias Scylla

Et après avoir signé la lettre, on se demande à qui l’envoyer.

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