Yverdon, ville mère

Version longue d’un texte déposé dans le cadre de la cadre de l’initiative “Ecrire ma ville”. Détails à lire ici.


 

Je suis de la campagne, Champvent est mon village, depuis tout petit je vois Yverdon de la colline, de ma colline, Yverdon c'est la capitale, du district d’alors, de la région, du coin, c’est la ville du sport d’antan, Yverdon-Sport, l’USY, Yverdon-Ancienne; Yverdon-la-Grande est la ville des superlatifs, à 16 ans elle me subjugue, coquine, elle m’interpelle, les jeunes y sont mieux habillés, dansants, cosmopolites, branchés, ils vont au pub le Silver, la richesse culturelle, le soir dans les rues c’est les échauffourées douces, les nuits enivrées, la fête, l’Amalgame résonne à l’avenue des Sports; nous campagnards n’allons pas à l’école en ville, il n’y a pas de bus pour en être, Yverdon c’est pour les grands, c’est pour les fringues, la frime, c’est pour en être, de la caste des grands, c’est le Capitaine Haddock, la bière au pub.

Yverdon c’est pour les grands, c’est pour les fringues, la frime, c’est pour en être, de la caste des grands, c’est le Capitaine Haddock, la bière au pub.

17 ans plus tard, me voilà à apprécier ma balade en ville, on y descend à vélo ou en bus mais en famille, on slalome la haie commerciale gigantesque qu’est devenue Montagny, direction le pôle économique qu’est Y-Parc, Explorit, le développement autoroutier me subjugue, cela me fascine, Yverdon s’est développée comme une grande, la HEIG-VD, le pôle technologique, les Bains; pourtant sa réputation est toujours ternie par les excès d’antan, la violence et l’arrivée des réfugiés des Balkans – mes collègues de La Côte n’y mettent pas les pieds, à Yverdon, tant pis pour eux, tant mieux pour nos loyers, eux qui naviguent à nez de la réputation – alors qu’Yverdon est devenu un ensemble si sublime: le lac, la Cariçaie, les communautés étrangères si bien intégrées, ce centre-ville, ô magnifique Rue du Four, le quartier des Cygnes.

Yverdon, tu as tant grandi, tu es ma ville après mon village.

 

Pestalozzi, place immuable.

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