Grrrrrrrrrrrrr
Elle a les talons hauts. Au moins autant que les cheveux sont longs. Et entre-deux la tenue. Le gris du costume qui scintille: blouse grise, pantalon gris, veste grise. Des atours qui galbent des membres forcément glabres. Le complet grimé à la perfection, tout ce qu'il y a de plus professionnel, mais aussi tout ce qu'il y'a de plus grivois. Elle ne fait point la grimace, encore moins la grise-mine, juste un sourire grippé, tout ce qu’il y a de plus décoincé.
Elle avance, le buste droit. Le port altier, l’élégance en bandoulière.
Autour d'elle s'agrippe une horde de collègues - masculins - grégaires et gradés, attirés par tant de grandiloquence. Elle resplendit, là, debout sur le parvis, gracile mais gracieuse, entourée par la meute qui semble attendrie par tant de prestance.
Ses gestes sont sûrs. Ses paroles aussi. De loin, les collègues semblent boire ses paroles. Elle avance, le buste droit. Le port altier, l’élégance en bandoulière. Et puis elle passe devant nous. Dans sa main le magazine Profil. On comprend alors sa gracieuseté, sa plénitude. L’habit ne fait certes pas le moine, mais le Profil y contribue.